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Entre les «j’aime» et la pression à la performance: santé psychique des jeunes en Suisse

Les jeunes sont en phase de transformation, tant physique que sentimentale et sociale. Confronté-e-s à une forte pression de comparaison sur les réseaux sociaux, ils/elles vivent en même temps dans un monde plein d’incertitudes: les guerres, le réchauffement climatique et les transformations de la société les inquiètent de plus en plus. Qu’en est-il de la santé mentale des jeunes en Suisse?

1. Comment vont les jeunes en Suisse ?

Les chiffres sont alarmants : en Suisse, environ un tiers des jeunes déclarent connaître des problèmes psychiques, en particulier les dépressions et les troubles anxieux sont largement répandus. Des études montrent une nette hausse du nombre de problèmes psychiques chez les jeunes depuis la pandémie de Covid-19.

La multiplication des problèmes psychiques chez les jeunes est imputable, entre autres, à des facteurs tels que pression à la performance et stress ainsi qu’influence des médias sociaux. D’autres facteurs de risque sont une situation familiale difficile, des conditions socio-économiques défavorables, de mauvaises expériences dans l’enfance et les maladies chroniques.

La détresse psychologique des 15-24 ans a non seulement augmenté de 10% depuis 2017, mais ces personnes sont aussi le plus fortement touchées en comparaison avec d’autres groupes d’âge.

Médias sociaux: une arme à double tranchant
Ces dernières années, c’est en particulier le rôle des médias sociaux qui interpelle les professionnel-le-s. Ces médias peuvent, d’une part, apporter un soutien aux jeunes, leur permettant de se connecter et de dialoguer. Mais d’autre part, il y a aussi un risque de comparaisons sociales avec un impact sur l’image que l’on a de son physique, sur l’identité et l’estime de soi, ainsi qu’un risque de cyberharcèlement. Des études montrent un lien significatif entre l’utilisation des médias sociaux et des symptômes tels que peur, troubles alimentaires ou insatisfaction de son physique. En outre, le fait d’être connecté-e et joignable en permanence est un défi car il peut conduire à un manque de sommeil et à des interférences dans la vie quotidienne difficiles à éviter.

Source: Addiction Suisse, 2025.

Les jeunes femmes particulièrement touchées
Ce sont les jeunes femmes de 15 à 24 ans qui sont le plus fortement touchées par les problèmes psychiques: dans ce groupe d’âge, une femme sur quatre fait état de symptômes d’angoisse modérés à sévères et environ 30% de symptômes de dépression modérés à sévères. 29% présentent des signes de phobie sociale. En plus des facteurs mentionnés plus haut, les normes sociales associées aux femmes et aux hommes (normes de genre) peuvent contribuer au fait que les jeunes femmes se sentent plus fortement sous pression que les jeunes hommes. Les normes de genre ont par exemple pour effet que les filles apprennent dès le plus jeune âge à être attentionnées, aimables et respectueuses, tandis que les garçons apprennent qu’ils ont le droit d’être forts et bruyants. Les inégalités entre les sexes jouent aussi un rôle important dans la gestion des souffrances psychiques: dans les pays où les inégalités entre hommes et femmes sont grandes, les jeunes femmes sont moins satisfaites de leur physique que dans d’autres pays.

Les hommes moins disposés à rechercher de l’aide
Les différences entre hommes et femmes se manifestent aussi dans la disposition à parler de problèmes psychiques: 85% des jeunes femmes disent rechercher de l’aide en cas de problèmes psychiques en parlant de leurs problèmes avec des personnes de leur entourage, en se renseignant en ligne ou dans de la littérature sur le sujet, en se faisant conseiller par téléphone ou soigner. Chez les jeunes hommes, 69% seulement sont disposés à parler de leurs problèmes ou à rechercher de l’aide. Ceci entre autres parce qu’ils craignent d’être stigmatisés par leur entourage ou encore parce qu’ils ont plus tendance à attendre que le problème disparaisse de lui-même.

Situation de prise en charge difficile
Les chiffres montrent que les besoins en soutien psychologique sont grands. En particulier pour les jeunes, il est crucial de bénéficier rapidement d’une aide pour éviter que le problème psychique ne les accompagne à l’âge adulte. Or, l’attente de places en thérapie ambulatoire ou stationnaire en Suisse est souvent de plusieurs mois: on perd un temps précieux. Selon les estimations actuelles, environ 375 000 personnes souffrant de troubles psychiques en Suisse ne font appel à aucune aide1.

Nombre de jeunes souffrent de solitude
L’Enquête suisse sur la santé 2022 a montré que de plus en plus de personnes en Suisse souffrent de solitude. Cette augmentation concerne en particulier les adolescent-e-s et les jeunes adultes de 15 à 24 ans (de 4% en 2017 à 10% en 2022) et est liée entre autres à la pandémie de Covid-19 et aux mesures prises pour lutter contre la pandémie. La solitude a un impact très important sur la santé psychique: les personnes qui se sentent isolées pendant longtemps ont un risque accru de pathologies comme la dépression, les troubles anxieux et les troubles du sommeil.

Les 15-24 ans se sentent plus souvent seul-e-s que les personnes plus âgées. Source: OFS, Enquête suisse sur la santé, 2023

1Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse CFEJ Position «Promouvoir la santé mentale des enfants et des jeunes sur le long terme», 2024.